Apparté / Petit pavé à lire et à relire
Ce qui me fait penser que cette illustration est inspirée de univers fae tant adoré, longtemps délaissé et que me remettre dans l'ambiance m'a donné l'idée d'aller voir si d'aucun livre attendu depuis des lustres avait été publié entre-temps. Et voilà ce que j'ai découvert, non, point de nouvel ouvrage de la part de Dame Silhol, puisque celle-ci est un tout autre front : la lutte contre ReLIRE. Avez-vous entendu parler de cette aberration ? Si non, et bien c'est un projet de la BNF rendu possible par une modification toute récente du Code de la Propriété Intellectuelle. Tout ouvrage indisponible du XXe siècle peut à tout moment être intégré dans le projet ReLIRE, un projet qui part sans doute d'une bonne intention (rendre accessible à tous des livres introuvables) mais qui au final spolie ni plus ni moins les auteurs des droits d'exploitation de leurs textes, notamment dans le domaine numérique. Cela pourrait être un projet parfaitement légitime voire noble s'il se contentait de proposer aux auteurs de nouveaux contrats pour republier leurs œuvres, mais il n'en est rien. De fait, ReLIRE soutenu par la nouvelle législation considère que si l'auteur ne se manifeste pas avant une date butoire (21 septembre), c'est qu'il leur cède ses droits. Et là où c'est très fort, c'est qu'aucun des auteurs (et je ne parle pas seulement de francophones mais de tout écrivain (et graphiste, et illustrateur, et traducteur, et que sais-je) ayant publié en France) n'a été consulté… Seule une base de données, plus ou moins bien renseignée (comprendre que taper un nom d'auteur ou de texte peut ne pas suffire pour y débusquer un texte pourtant référencé) permet de fouiller ce registre et de voir ce qui est concerné. Donc voilà, j'ai découvert cela l'autre jour, et puisque la plus grande faute de ce projet est son silence, je considère qu'un endroit de plus de la toile pour révéler la fraude ne peut pas faire de mal. Il existe également plusieurs pétitions, j'ai choisi de signer celle des lecteurs, car elle me semble loin d'être une cause perdue : une détérioration encore fraîche du CPI, cela doit bien être réversible, non ?